domingo, 9 de octubre de 2011

APPEL


09.10.2011      Communiqué de Jacques-Alain Miller suite au Forum pour Rafah

Communiqué de Jacques-Alain Miller, dimanche soir le 9 octobre 2011,mis à jour à 22:53
Il n’y aura pas de LACAN QUOTIDIEN daté du 9 octobre.

Le forum pour Rafah! a été un plein succès.
Le clou: la présence et le discours de Martine Aubry, le jour même du premier tour des primaires socialistes.
Sont intervenues: Julia Kristeva, avec un exposé théorique original;
Fabienne Servan-Schreiber nous montra comment une fiction pouvait toucher au réel;
Blandine Kriegel, la célèbre philosophe du droit et de la politique;
Cynthia Fleury, d’une génération antérieure, et déjà célèbre philosophe;
Sihem Habchi, qui anime, après Fadela Amara, la fameuse association Ni putes ni soumises;
Valérie Filipetti fit une halte au forum des femmes au cours d’une campagne menée tambour battant;
et Valérie Toranian, de Elle, qui donna au public un aperçu des vues citoyennes de la rédaction du magazine universellement réputé;
le Docteur Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, envoya un message;
Alexandre Adler vint et présenta la Syrie sous un jour inédit.
Isabelle Durant assura la présidence du forum avec Jacques-Alain Miller

Du champ freudien, on entendit, après Judith Miller: Clotilde Leguil, Flory Kruger, Lilia Mahjoub, Dominique Miller, Carole Dewambrechies La Sagna, Agnès Aflalo, Fouzia Liget, Aurélie Pfauwadel, Deborah Gutermann.
La conclusion fut apportée par Léonard Gorostiza, Graciela Brodsky, Eric Laurent, et Jean-Daniel Matet.
Nouvelle communiquée par Mauricio Tarrab:
le gouvernement argentin serait disposé à s’entremettre pour obtenir la libération de Rafah.

09-10.2011


Nº 53




                                                   FERNANDO HENRIQUE

Ancient président du Brésil

Signe pour RAFAH !



  Patricia,   
   por favor envie a mensagem abaixo de apoio para o email seguinte:      
   rafah.navarin@gmail.com   
        
  Assunto: Message de soutien de Fernando Henrique Cardoso.      
        
  Texto:      
   Au nom du respect le plus élémentaire des  droits  de l'homme, je demande la liberation de Rafah NACHED, psychanalyste de renom international, arrêtée à l'aéroport de Damas le 10 septembre.   Je joins mon nom aux nombreuses personnalités de différentes cultures et courants politiques qui ont tenu à exprimer leur soutien à Rafah NACHED.        
   J'enjoins les autorités de la République Arabe de Syrie de procéder à la libération immédiat et inconditionnelle de cette femme de 66 ans dont la vie a été consacré à la promotion de la liberté, la science et le bien être des hommes.  

Fernando Henrique Cardoso
ex-­président du Brésil (1995-­2002)

En tant que promoteurs du Forum des Femmes « Pour Rafah ! », nous vous adressons le témoignage de notre reconnaissance pour votre vigoureuse intervention auprès des autorités syriennes.   
   Nous sommes sûrs d’être en cela les interprètes des sentiments des membres de l’Association mondiale de Psychanalyse, et, au-­delà, de l’ensemble du monde psychanalytique, comme des nombreux intellectuels, écrivains, artistes, universitaires, homes et femmes politiques de toutes tendances, qui ont signé pour Rafah, et s’activent pour réclamer sa libération.  
   L’appui d’un homme d’Etat comme vous-­même, unanimement respecté, est un appui majeur à la cause que nous défendons, étant donné les bonnes relations que le Brésil entretient avec la Syrie.     
 Merci, Fernando  Henrique   !       
  
        
 Jacques--Alain Miller, Ancient président de  l’Association mondiale de Psychanalyse
 Maria de França, rédactrice en chef de La Règle du jeu     
 Jean—Daniel Matet, président de l’Ecole de la Cause freudienne 
        
        
   Je remercie notre collègue Sandra Grostein, de Sao Paulo, member de l’EBP et de      
  l’AM, qui a été notre intermédiaire auprès du président Fernando Henrique, ainsi que Leonardo Gorostiza, mon successeur à la présidence de l’AMP, qui  a su mobiliser et motiver nos collègues d’Amérique latine.   
        
        
         Par ailleurs, certaines informations me sont  parvenues ce matin, selon lesquelles les autorités brésiliennes ne seraient pas indifférentes au sort de Rafah, et seraient disposées à faire quelque chose.     
  J’en ai informé le cabinet d’Alain Juppé, qui suit l’affaire depuis le début.                   
  JAM
        



08.10.2011
Nº52
MARIE-HELENE BROUSSE
Le Nouveau Féminisme, lacanien
Il y a eu la vague féministe des glorieuses 70 : militantes, les femmes exigeaient le droit de disposer de leur corps, lutte du planning familial, lutte pour la liberté de concevoir ou d’avorter. « Les femmes » étaient pensées comme alternative à la catégorisation marxiste en terme de classe, remplaçant « les ouvriers » espèce déjà en mutation. Ce fut mis en poème et en chanson : la femme est l’avenir de l’homme...Il s’agissait de revendiquer l’égalité. Il s’agissait de dénoncer les pratiques éducatives sexistes, d’ouvrir les portes des institutions masculines aux femmes. Il y avait les Editions des femmes.
Je me souviens...du médecin gynécologue qui, quand j’étais déjà étudiante, ne put me refuser la pilule, mais accompagna son ordonnance d’une mise en garde musclée : que je n’aille pas faire n’importe quoi de cette liberté qu’il aurait bien aimé me refuser. Je me souviens des luttes pour l’égalité des droits. Je me souviens d’une discussion avec mon professeur G. Ganguillem, furieux et pessimiste qu’à l’agrégation de philosophie il n’y ait plus deux listes de postes séparées, mais uneseule commune pour les garçons et les filles. Je me souviens de ma première participation à un colloque dans une Université américaine lors duquel une universitaire américaine, à la suite d’une lecture de Signification du phallus, ayant saisi la séparation entre organe et signifiant, voulait faire du sein le phallus au féminin. Tout ce mouvement féministe était centré sur la revendication, l’égalité. Bref c’était l’union du S1 avec le S2, la paire de toujours, l’amour et la guerre ensemble. Le slogan était « Faites l’amour, pas la guerre » et se renversait souvent en son contraire. Mais, bien qu’ayant cessé d’en être le complément, le féminin restait le partenaire du masculin, et l’hétérosexualité régnait encore sur le mode de la réciprocité.
Et puis en France, petit à petit, le féminisme s’est épuisé. Il a été perçu comme ringard. Sans doute quelques acquis avaient calmé ces hystériques, qui de toute façon ne voulaient pas la peau du Nom du père, simplement être traitées comme les fils. Pourtant on était encore loin du compte. On est encore loin du compte, un peu partout sur la planète. L’Arabie Saoudite promet aux révoltées du volant le droit de vote pour ... 2015. Calmez-vous les filles ! Il est vrai que les religions de tout bord ont toujours été en pointe pour les droits des femmes.
Aux USA au contraire le mouvement a continué, s’est modifié, radicalisé, avec les Gender studies, les pressions gay et lesbiennes. L’homosexualité est entrée dans la dance. Lacan dans le Séminaire VIII, à propos de l’homosexualité grecque antique, énonce que « quand elle est un produit de la culture », la perversion est une « élaboration, une construction, une sublimation disons le mot » qui apporte à la société les éléments qui la travaillent, et qu’elle censure, laquelle censure entraine une « forme de désagrégation qui s’appelle la névrose » qui favorise à son tour « la création de nouveaux éléments de culture ». L’homosexualité a suivi ce cycle : épinglée par le DSM comme pathologique, elle a entrainé des nouveaux éléments de culture, cessant d’être d’abord une sublimation, puis une pathologie (perversion) pour devenir l’élément moteur des changements culturels majeurs qui ont modifié l’ordre familial comme l’ordre symbolique. La société n’est plus strictement organisée suivant l’opposition entre le masculin et le féminin.
Plus radical encore le mouvement queer, véritable démonstration de l’opérationnalité de l’axiome lacanien « Yadl’un », tel que Jacques-Alain Miller en faisait le commentaire dans son interview du Point lors de la sortie du Séminaire ...ou pire : Un tout seul avec son mode de jouissance singulier, voilà le queer. Ces changements sans doute n’auraient pu avoir lieu sans le développement de la science. Le féminisme contemporain n’est donc plus organisé par la revendication à l’égard du masculin, mais par la parité. Chaque sexe va de son côté sans s’intéresser à l’autre, donc à l’Autre. Curieusement et paradoxalement il rejoint par là les religions. Elles séparent les hommes des femmes, il a un fonctionnement ségrégatif.
Mais si les religions continuent à faire que cette séparation, opérée suivant le mode de l’interdit, nourrisse le sens sexuel et par là même entretienne l’illusion du rapport sexuel entre les hommes et les femmes, les nouvelles théories s’accommodent de son inexistence et situent la jouissance au niveau, soit du fétiche, soit, et ce n’est pas incompatible, au niveau de l’amour dont la structure de métaphore peut seule réintroduire la différence évanouie. Il réintroduit dans le même l’autre irréductible. La clinique analytique contemporaine démontre que les vies amoureuses homosexuelle ne se différencient guère, au niveau du sujet, des vies amoureuses hétérosexuelles.
La solution lacanienne est autre. Elle implique à la fois le principe du Yadl’un contemporain et l’affirmation qu’il n’y a pas de rapport sexuel qui puisse s’écrire entre les hommes et les femmes, mais elle ajoute un élément clef, la dissymétrie radicale entre le fonctionnement logique à l’œuvre dans le masculin et le féminin. Il ne s’agit pas de séparation entre homme et femme qui toujours repose sur un « tous les hommes » auquel répond en symétrie un « toutes les femmes », ni de la ségrégation des genres, érigés en véritables espèces qui, si elles sont sans rapport aucun, ne sont pas moins réglées chacune par un universel, jusqu’à la multitude des espèces queer qui peuvent se réduire à un tout seul, mais néanmoins tout. Le modèle reste la classification : les chats, les chiens, et Médor, tout seul dans sa classe. On devrait donc moins dire gender que species. D’ailleurs la reproduction assistée permet à chaque genre de se reproduire sans l’autre.
Non, la solution Lacan ne relève pas de ce modèle logique classificatoire. Il ne s’agit pas de solution ségrégative. Une séparation passe dans le parlêtre lui-même, et de plus pas tous et pas tout
le temps. Une partie, masculine, répond à l’universel, obéissant à la logique classique et aussi à la grammaire de la langue. L’autre, féminine, aussi, mais est ordonnée en plus à la logique du « pas-tout l’universel », qui devient inconsistant et incomplet. Une chatte, une mère, n’y retrouve pas aisément ses petits, l’espèce ou le genre implose. Il ne s’agit pas non plus d’une solution par la bi-sexualité, chacun ayant sa part masculine et sa part féminine, solution connue depuis Aristophane, version intériorisée.
Il y a aujourd’hui une montée des femmes dans de nombreuses cultures. C’est un fait. Est-ce une montée en puissance du féminin ? Eric Laurent, dans son bel exposé lors de précédentes journées de l’ECF, en traitait dans la dernière partie. Il a eu récemment l’occasion de le développer à New York lors du dernier Paris-USA séminaire, devant un public américain qui s’étonnait de le comprendre si bien.
Jacques-Alain Miller organise pour les Journées de cette année 2011, celles des trente ans de la mort de Lacan, un Forum des Femmes, pas un Forum de La Femme - pour Rafah, pour une femme, une psychanalyste, lacanienne qui donc n’ignore pas sans doute ce que masculin et féminin veulent dire au delà de l’Œdipe, au delà des catégories dominantes du discours du maître, auquel elle n’a pas choisit de s’affronter, mais qu’elle dérange.
Tout psychanalyste lacanien dérange. Nous sommes tous des psychanalystes syriennes