lunes, 31 de octubre de 2011


26.10.2011    Résolution d'urgence du Parlement européen demandant la libération de Rafah Nashed

Communiqué
Mme Isabelle Durant, Vice-présidente du Parlement européen, qui a co-présidé avec Jacques-Alain Miller le Forum des femmes du 9 octobre 2011, nous communique le texte d’une résolution d’urgence négociée aujourd’hui entre les groupes politiques du Parti Ecolo, demandant la libération de Rafah.  Cette résolution sera votée demain à Strasbourg en plénière, en même temps qu’une autre résolution plus complète sur la situation en Syrie.

DRAFT JOINT MOTION FOR A RESOLUTION

with request for inclusion in the agenda for the debate on cases of breaches of human rights, democracy and the rule of law
pursuant to Rule 122 of the Rules of Procedure

on the case of Rafah Nashed in Syria

European Parliament resolution:

The European Parliament,
- having regard to Article 18 of the Universal Declaration of Human Rights of 1948 and to article 18 of the International Covenant on Civil and Political rights of 1966 of which Syria is a party;
- having regard to the statements by the spokesperson Catherine Ashton, the EU High Representative on 30 August on the worsening of the human rights situation in Syria and the situation of Rafah Nashed in Syria of 23 September 2011;
- having regard to the statements of the Vice-Presidents of the European Parliament, Isabelle Durant and Libor Roucek and Vice-President of the Socialist and Democrats Group Veronique de Keyser, in the plenary sessions of 14, 29 and 15 September calling for the release of Rafah Nashed;
- having regard to the Council's conclusions on 10 and 23 October 2011 and the sanctions on 13 October 2011;
- having regard to the European Parliament's resolutions on the situation in Syria, Bahrain and Yemen from 7 April and from 7 July 2011;
- having regard to the European Parliament resolution on the situation in Syria from 15 September 2011;
- having regard to rule 122 of its Rule of Procedure;
A. whereas Syria's first practicing psychoanalyst and the founder of the Damascus School of Psychoanalysis, Mrs. Rafah Nashed, was arbitrarily arrested and detained on 10 September at the Damascus airport by officers of the General Intelligence Services; whereas she is known for treating victims of psychological trauma as well as for her active engagement in favour of dialogue between all Syrians;
B. whereas Mrs. Rafah Nashed is 66 years old and her health condition is precarious as she has a heart disease, a recovering cancer and a high blood pressure and has to take medications regularly; whereas her health is deteriorating in prison aggravating her heart disease;
C. Whereas Mrs. Nashed was taken to prison without any known charges, when she was travelling to Paris to assist with the childbirth of her daughter and initially she was held in secrecy;
D. whereas on 14 September 2011 she was accused of "activities likely to destabilise the State" where the judge refused to release her on bail; whereas the nature of the accusation and the paranoia that has gripped the regime for the last six month, raises fear of a lengthy detention, aimed at intimidating the whole Syrian intellectual community;
E. whereas in very few hours a huge international mobilisation has been put in place, including a petition which has been signed for her immediate and unconditional release;
1. Strongly condemns the arbitrary arrest and detention of Mrs Rafah Nashed by the Syrian Authorities;
2. Expresses its deepest concerns about the health situation of Mrs Rafah Nashed given her precarious health conditions;
3. Calls on the Syrian Authorities to immediately and unconditionally release Mrs. Rafah Nashed for medical and humanitarian reasons, and to guarantee her physical safety and return her to her family without further delay;
4. Demands the Syrian Authorities to authorise humanitarian organisations and doctors, the right to treat the victims of violence and give them access to the whole Syrian territory and ability to carry out their legitimate and peaceful work without fear of reprisals and free of all restrictions, including judicial harassment; Calls on the Syrian Authorities to abide by international human rights standards and international commitments, guaranteeing freedom of opinion and expression;
5. Instructs its President to forward this resolution to the Council, the Commission, and the Vice-President of the Commission/High Representative of the Union for Foreign Affairs and Security Policy, the governments and parliaments of the Member States, the Secretary- General of the Arab League and the Government and Parliament of the Syrian Arab Republic.




26.10.2011   FORUM DE FEMMES  du 9.10, conclusion par Graciela Brodsky, Trente mil disparus

Trente mil disparus
Graciela Brodsky

Pendant que j’écoutais ce qui se disait cet après-midi, si féminine, il m’est revenu en mémoire la réponse que m’a faite quelqu’un à qui je demandais une signature pour la libération de Rafah Nached : « Dans les années soixante-dix en Argentine, il y a eu trente mil disparus, et tant d’autres au Brésil, en Uruguay, au Chili… Pourquoi donc cette agitation pour une psychanalyste syrienne ? Ou bien alors vous ne vous intéressez qu’aux psychanalystes ? »

Cette réponse m’a bouleversée.

Est-ce une question de nombre ? De pourcentage ? Trente mil disparus…Avec quoi mesurer l’horreur ? Comment pourrait –on se représenter cela ?

Oui, trente mil est une chiffre énorme, mais, avant d’en arriver à trente mil, est-ce qu’il n’y a pas eu, en Argentine aussi, un, et puis un autre, et puis encore un autre ?

La vraie différence, celle qui compte, est celle qu’il y a entre le zéro et le un.
Ensuite, il ne s’agit que de la répétition du geste dans ces bureaucraties de la terreur que deviennent finalement les dictatures.

Rafah Nached a été incarcérée parce que sa pratique, orientée par la psychanalyse, a été considérée comme subversive.
Mais oui ! Nous savons que la psychanalyse est ce qui enraye la roue du maître. Il faut le dire : parfois, nous-mêmes, nous oublions que notre meilleur sort est d’incarner la peste, et que, bien que nous ne mettions pas en péril la stabilité des États, nous arrivons à transformer les gens, nous arrivons à les libérer d’une peur, par exemple.

Moi-même, détenue illégalement par l’armée pendant les années de la dictature, et tenue pour disparue pendant plusieurs jours, j’ai été soumise a des interrogatoires quotidiens : « Vous, les psychanalystes, qu’est-ce que vous fabriquez, de quoi parlez-vous, où vous réunissez-vous ? » Ils ne pensaient pas que la psychanalyse était inoffensive, et le régime syrien non plus.

Rafah Nached. Ce nom, il faut le répéter.

Croyez-moi, quand quelqu’un est retiré de la circulation, quand il ne dispose plus de son corps pour aller et venir, ou pour faire l’amour, ou pour prendre un avion et rendre visite à sa fille, alors il ne dispose plus que de son nom. Et c’est ce nom circulant de bouche en bouche qui fait qu’on est toujours de ce monde. Pendant que nous parlons de Rafah, pendant que nous réclamons justice, elle dispose de la seule liberté qu’il lui reste, et la psychanalyse continue d’empêcher que les choses aillent tout droit vers le pire.





miércoles, 19 de octubre de 2011


 18-10- 2011      Communiqué de Jacques-Alain Miller, à 17h 45

Par le biais du Comité de soutien à Rafah Nached, je reçois ce mail de M. Fethi Benslama, directeur de l'UFR Sciences Humaines cliniques de l’Université Paris-Diderot Paris 7, dont il est membre du Conseil d'Administration.

Cher(e)s collègues, Voici la motion que j'ai proposée, hier après-midi, au Conseil d'Administration de l'Université Paris 7 pour la libération de Rafah Nached, et qui a été votée à l'unanimité. Je l’adresserai à toutes les universités françaises, et au plus grand nombre possible d'universités européennes. A vous de voir comment relayer cet envoi. Cordialement.
__________________________

Motion du Conseil d’Administration de l’Université Paris Diderot Paris 7, pour la libération de Rafah Nached

Le Conseil d’Administration de l’Université Paris Diderot Paris 7 et son président demandent aux autorités syriennes la libération immédiate de Rafah Nached — psychanalyste et ancienne étudiante formée dans leur université —, détenue injustement depuis le 10 septembre et dont l’état de santé est alarmant. Ils s’associent à toutes les voix qui s’élèvent pour exiger l’arrêt de la violence et la fin de toutes les détentions arbitraires en Syrie. Ils appellent leurs collègues des universités françaises et européennes à s’associer à cet appel.

Paris, le 18 octobre 2011




18.10.11     Communiqué de Jacques-Alain Miller, à 14h 14

Le juge a rejeté la demande d'acquittement présentée par l'avocat de Rafah, 
qui reste donc incarcérée pour un temps indéterminé, dans les mêmes conditions. 
Selon son mari, son état est stabilisé pour le moment, et elle garde la tête haute.

Cette information est parvenue au Comité de soutien à Rafah Nached, 
par le canal de Mme Houriya Abdelouahed. 




18.10.11      













17.10.11    LACAN QUOTIDIEN N° 60

 




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12.10.11 Nº 57 

    







martes, 11 de octubre de 2011


10.10.2011      Lacan Quotidiene Nº 54       
  


COLETTE BAILLOU
Un chauffeur de taxi psychanalyste ou Initiation à la séance courte


JACQUES-­ALAIN MILLER
Compte-­‐rendu du FORUM DES FEMMES
« pour Rafah ! »

TEXTES DU FORUM DES FEMMES
par Agnès Aflalo, Aurélie Pfauwadel,
Carole Dewambrechies La Sagna et Deborah Gutermann,

Agnès Aflalo, Le désir dune femme
Carole Dewambrechies La Sagna, Il faut lirer Rafah
Aurélie Pfauwadel, Être une femme psychanalyste eSyrie
  Deborah Gutermann, Colloque singulier chez les Syriennes


domingo, 9 de octubre de 2011

APPEL


09.10.2011      Communiqué de Jacques-Alain Miller suite au Forum pour Rafah

Communiqué de Jacques-Alain Miller, dimanche soir le 9 octobre 2011,mis à jour à 22:53
Il n’y aura pas de LACAN QUOTIDIEN daté du 9 octobre.

Le forum pour Rafah! a été un plein succès.
Le clou: la présence et le discours de Martine Aubry, le jour même du premier tour des primaires socialistes.
Sont intervenues: Julia Kristeva, avec un exposé théorique original;
Fabienne Servan-Schreiber nous montra comment une fiction pouvait toucher au réel;
Blandine Kriegel, la célèbre philosophe du droit et de la politique;
Cynthia Fleury, d’une génération antérieure, et déjà célèbre philosophe;
Sihem Habchi, qui anime, après Fadela Amara, la fameuse association Ni putes ni soumises;
Valérie Filipetti fit une halte au forum des femmes au cours d’une campagne menée tambour battant;
et Valérie Toranian, de Elle, qui donna au public un aperçu des vues citoyennes de la rédaction du magazine universellement réputé;
le Docteur Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, envoya un message;
Alexandre Adler vint et présenta la Syrie sous un jour inédit.
Isabelle Durant assura la présidence du forum avec Jacques-Alain Miller

Du champ freudien, on entendit, après Judith Miller: Clotilde Leguil, Flory Kruger, Lilia Mahjoub, Dominique Miller, Carole Dewambrechies La Sagna, Agnès Aflalo, Fouzia Liget, Aurélie Pfauwadel, Deborah Gutermann.
La conclusion fut apportée par Léonard Gorostiza, Graciela Brodsky, Eric Laurent, et Jean-Daniel Matet.
Nouvelle communiquée par Mauricio Tarrab:
le gouvernement argentin serait disposé à s’entremettre pour obtenir la libération de Rafah.

09-10.2011


Nº 53




                                                   FERNANDO HENRIQUE

Ancient président du Brésil

Signe pour RAFAH !



  Patricia,   
   por favor envie a mensagem abaixo de apoio para o email seguinte:      
   rafah.navarin@gmail.com   
        
  Assunto: Message de soutien de Fernando Henrique Cardoso.      
        
  Texto:      
   Au nom du respect le plus élémentaire des  droits  de l'homme, je demande la liberation de Rafah NACHED, psychanalyste de renom international, arrêtée à l'aéroport de Damas le 10 septembre.   Je joins mon nom aux nombreuses personnalités de différentes cultures et courants politiques qui ont tenu à exprimer leur soutien à Rafah NACHED.        
   J'enjoins les autorités de la République Arabe de Syrie de procéder à la libération immédiat et inconditionnelle de cette femme de 66 ans dont la vie a été consacré à la promotion de la liberté, la science et le bien être des hommes.  

Fernando Henrique Cardoso
ex-­président du Brésil (1995-­2002)

En tant que promoteurs du Forum des Femmes « Pour Rafah ! », nous vous adressons le témoignage de notre reconnaissance pour votre vigoureuse intervention auprès des autorités syriennes.   
   Nous sommes sûrs d’être en cela les interprètes des sentiments des membres de l’Association mondiale de Psychanalyse, et, au-­delà, de l’ensemble du monde psychanalytique, comme des nombreux intellectuels, écrivains, artistes, universitaires, homes et femmes politiques de toutes tendances, qui ont signé pour Rafah, et s’activent pour réclamer sa libération.  
   L’appui d’un homme d’Etat comme vous-­même, unanimement respecté, est un appui majeur à la cause que nous défendons, étant donné les bonnes relations que le Brésil entretient avec la Syrie.     
 Merci, Fernando  Henrique   !       
  
        
 Jacques--Alain Miller, Ancient président de  l’Association mondiale de Psychanalyse
 Maria de França, rédactrice en chef de La Règle du jeu     
 Jean—Daniel Matet, président de l’Ecole de la Cause freudienne 
        
        
   Je remercie notre collègue Sandra Grostein, de Sao Paulo, member de l’EBP et de      
  l’AM, qui a été notre intermédiaire auprès du président Fernando Henrique, ainsi que Leonardo Gorostiza, mon successeur à la présidence de l’AMP, qui  a su mobiliser et motiver nos collègues d’Amérique latine.   
        
        
         Par ailleurs, certaines informations me sont  parvenues ce matin, selon lesquelles les autorités brésiliennes ne seraient pas indifférentes au sort de Rafah, et seraient disposées à faire quelque chose.     
  J’en ai informé le cabinet d’Alain Juppé, qui suit l’affaire depuis le début.                   
  JAM
        



08.10.2011
Nº52
MARIE-HELENE BROUSSE
Le Nouveau Féminisme, lacanien
Il y a eu la vague féministe des glorieuses 70 : militantes, les femmes exigeaient le droit de disposer de leur corps, lutte du planning familial, lutte pour la liberté de concevoir ou d’avorter. « Les femmes » étaient pensées comme alternative à la catégorisation marxiste en terme de classe, remplaçant « les ouvriers » espèce déjà en mutation. Ce fut mis en poème et en chanson : la femme est l’avenir de l’homme...Il s’agissait de revendiquer l’égalité. Il s’agissait de dénoncer les pratiques éducatives sexistes, d’ouvrir les portes des institutions masculines aux femmes. Il y avait les Editions des femmes.
Je me souviens...du médecin gynécologue qui, quand j’étais déjà étudiante, ne put me refuser la pilule, mais accompagna son ordonnance d’une mise en garde musclée : que je n’aille pas faire n’importe quoi de cette liberté qu’il aurait bien aimé me refuser. Je me souviens des luttes pour l’égalité des droits. Je me souviens d’une discussion avec mon professeur G. Ganguillem, furieux et pessimiste qu’à l’agrégation de philosophie il n’y ait plus deux listes de postes séparées, mais uneseule commune pour les garçons et les filles. Je me souviens de ma première participation à un colloque dans une Université américaine lors duquel une universitaire américaine, à la suite d’une lecture de Signification du phallus, ayant saisi la séparation entre organe et signifiant, voulait faire du sein le phallus au féminin. Tout ce mouvement féministe était centré sur la revendication, l’égalité. Bref c’était l’union du S1 avec le S2, la paire de toujours, l’amour et la guerre ensemble. Le slogan était « Faites l’amour, pas la guerre » et se renversait souvent en son contraire. Mais, bien qu’ayant cessé d’en être le complément, le féminin restait le partenaire du masculin, et l’hétérosexualité régnait encore sur le mode de la réciprocité.
Et puis en France, petit à petit, le féminisme s’est épuisé. Il a été perçu comme ringard. Sans doute quelques acquis avaient calmé ces hystériques, qui de toute façon ne voulaient pas la peau du Nom du père, simplement être traitées comme les fils. Pourtant on était encore loin du compte. On est encore loin du compte, un peu partout sur la planète. L’Arabie Saoudite promet aux révoltées du volant le droit de vote pour ... 2015. Calmez-vous les filles ! Il est vrai que les religions de tout bord ont toujours été en pointe pour les droits des femmes.
Aux USA au contraire le mouvement a continué, s’est modifié, radicalisé, avec les Gender studies, les pressions gay et lesbiennes. L’homosexualité est entrée dans la dance. Lacan dans le Séminaire VIII, à propos de l’homosexualité grecque antique, énonce que « quand elle est un produit de la culture », la perversion est une « élaboration, une construction, une sublimation disons le mot » qui apporte à la société les éléments qui la travaillent, et qu’elle censure, laquelle censure entraine une « forme de désagrégation qui s’appelle la névrose » qui favorise à son tour « la création de nouveaux éléments de culture ». L’homosexualité a suivi ce cycle : épinglée par le DSM comme pathologique, elle a entrainé des nouveaux éléments de culture, cessant d’être d’abord une sublimation, puis une pathologie (perversion) pour devenir l’élément moteur des changements culturels majeurs qui ont modifié l’ordre familial comme l’ordre symbolique. La société n’est plus strictement organisée suivant l’opposition entre le masculin et le féminin.
Plus radical encore le mouvement queer, véritable démonstration de l’opérationnalité de l’axiome lacanien « Yadl’un », tel que Jacques-Alain Miller en faisait le commentaire dans son interview du Point lors de la sortie du Séminaire ...ou pire : Un tout seul avec son mode de jouissance singulier, voilà le queer. Ces changements sans doute n’auraient pu avoir lieu sans le développement de la science. Le féminisme contemporain n’est donc plus organisé par la revendication à l’égard du masculin, mais par la parité. Chaque sexe va de son côté sans s’intéresser à l’autre, donc à l’Autre. Curieusement et paradoxalement il rejoint par là les religions. Elles séparent les hommes des femmes, il a un fonctionnement ségrégatif.
Mais si les religions continuent à faire que cette séparation, opérée suivant le mode de l’interdit, nourrisse le sens sexuel et par là même entretienne l’illusion du rapport sexuel entre les hommes et les femmes, les nouvelles théories s’accommodent de son inexistence et situent la jouissance au niveau, soit du fétiche, soit, et ce n’est pas incompatible, au niveau de l’amour dont la structure de métaphore peut seule réintroduire la différence évanouie. Il réintroduit dans le même l’autre irréductible. La clinique analytique contemporaine démontre que les vies amoureuses homosexuelle ne se différencient guère, au niveau du sujet, des vies amoureuses hétérosexuelles.
La solution lacanienne est autre. Elle implique à la fois le principe du Yadl’un contemporain et l’affirmation qu’il n’y a pas de rapport sexuel qui puisse s’écrire entre les hommes et les femmes, mais elle ajoute un élément clef, la dissymétrie radicale entre le fonctionnement logique à l’œuvre dans le masculin et le féminin. Il ne s’agit pas de séparation entre homme et femme qui toujours repose sur un « tous les hommes » auquel répond en symétrie un « toutes les femmes », ni de la ségrégation des genres, érigés en véritables espèces qui, si elles sont sans rapport aucun, ne sont pas moins réglées chacune par un universel, jusqu’à la multitude des espèces queer qui peuvent se réduire à un tout seul, mais néanmoins tout. Le modèle reste la classification : les chats, les chiens, et Médor, tout seul dans sa classe. On devrait donc moins dire gender que species. D’ailleurs la reproduction assistée permet à chaque genre de se reproduire sans l’autre.
Non, la solution Lacan ne relève pas de ce modèle logique classificatoire. Il ne s’agit pas de solution ségrégative. Une séparation passe dans le parlêtre lui-même, et de plus pas tous et pas tout
le temps. Une partie, masculine, répond à l’universel, obéissant à la logique classique et aussi à la grammaire de la langue. L’autre, féminine, aussi, mais est ordonnée en plus à la logique du « pas-tout l’universel », qui devient inconsistant et incomplet. Une chatte, une mère, n’y retrouve pas aisément ses petits, l’espèce ou le genre implose. Il ne s’agit pas non plus d’une solution par la bi-sexualité, chacun ayant sa part masculine et sa part féminine, solution connue depuis Aristophane, version intériorisée.
Il y a aujourd’hui une montée des femmes dans de nombreuses cultures. C’est un fait. Est-ce une montée en puissance du féminin ? Eric Laurent, dans son bel exposé lors de précédentes journées de l’ECF, en traitait dans la dernière partie. Il a eu récemment l’occasion de le développer à New York lors du dernier Paris-USA séminaire, devant un public américain qui s’étonnait de le comprendre si bien.
Jacques-Alain Miller organise pour les Journées de cette année 2011, celles des trente ans de la mort de Lacan, un Forum des Femmes, pas un Forum de La Femme - pour Rafah, pour une femme, une psychanalyste, lacanienne qui donc n’ignore pas sans doute ce que masculin et féminin veulent dire au delà de l’Œdipe, au delà des catégories dominantes du discours du maître, auquel elle n’a pas choisit de s’affronter, mais qu’elle dérange.
Tout psychanalyste lacanien dérange. Nous sommes tous des psychanalystes syriennes