viernes, 30 de septiembre de 2011

PÉTITION





30.09  LACAN QUOTIDIENE N° 44  19h45

 NIBRAS CHEHAD

Messieurs les évêques, nos autels sont tacs de sang !

traduit de l’arabe par un ami



Par l’entremise de Philippe Sollers, j’ai rencontré hier soir, à la Résidence jésuite de la rue Blomet, Nibras Chehayed, étudiant jésuite de 31 ans, récemment arri de Damas, en partance pour Beyrouth, et qui parlait avec Rafah trois heures avant son arrestation. Nibras me connaissait de nom : il s’intéresse à la philosophie et à la psychanalyse, il ma remis le texte de son mémoire, Du néantdire presque inutilement. Dialogues thanatologiques avec Heidegger et Lacan. Il ma remis un texte, qu’il a publié dans le quotidien Assafir de Beyrouth, avec le Nil obstat de sa hiérarchie. Il ma autori par écrit à le publier dans Lacan Quotidien, à le transmettre à La Règle du jeu, et à le communiquer à l’hebdomadaire La Vie. Nous restons en contact. JAM



LEglise a toujours fendu le droit de tout homme à la liberté et à la dignité, a incité les laïcs à mener un combat éclairé en faveur de ces nobles buts, et a demandé aux clercs de remplir ce devoir, sans toutefois senrôler directement dans des activités politiques de terrain, afin quils puissent être une référence spirituelle pour tous.

Où en sommesnous par rapport à cet appel en Syrie ? Certains de nos prêtres sont baasistes, certains de nos évêques nhésitent pas à qualifier tous les manifestants de traîtres, certains de nos patriarches ne cessent pas de chanter les louanges du régime. Dans le même temps, aucun de nos prêtres nose laver les blessures du passé, aucun de nos évêques nose se dresser face aux services de sécurité pour répéter le commandement de celui qui ne meurt point : « Tu ne tueras pas ! ». Et au lieu que le 23 juin dernier soit un jour de jeûne et de prière, comme prévu dans l’appel des évêques de Damas, le rassemblement des files en l’église damascène de la Croix sest transformé en un festival du discours politique : et nos yeux semplirent de larmes.

Sans rien demander aux files, certains de nos évêques parlent en leur nom, disant à la cantonade : « nous sommes tous du même bord et nous répétons tous « oui, oui » ». La liberté nest rien dautre que « complot » et « gangs ». Comme s’ils nexistaient pas, ceux qui sortent de chez eux et ne reparaissent plus. Puis montent les voix de ceux qui portent leurs corps membrés en criant
« paix, paix », et le prédicateur de continuer : « agitateurs, infiltrés ». Larmée rentre dans les villes, les clameurs montent dans les rues, tandis que l’Eglise senferme dans le silence : « oui, oui » Les larmes brillent à nouveau. Et l’avenir du mouvement ne serait qu« Emirats salafistes », comme si des chrétiens et des laïcs ne sortaient pas chaque vendredi des mosquées, comme si des militants civiques nétaient pas kidnappés à leurs domiciles, comme si nous nétions pas voisins, comme sil ny


avait aucun passé commun entre nous, comme si nous navions pas pris ensemble le pain, le sel et le café. Dans la bouche de certains de nos prédicateurs, les mots sifflent comme des balles, de leurs gorges sortent des expressions déloge et dallégeance, pour faire taire ce qui ne se tait pas : la gorge d’Ibrahim Qachouch1. Du corps du Christ sur nos autels sécoule le sang de Hamza et de Hajar2, et sur le té blessé de ce Nazaréen, ce sont les sangs de Hama et de Deir ezZor qui coulent. Et le prédicateur, à nouveau : « Agitateurs, infiltrés ».

Et l’Eglise officielle, au lieu dêtre ferme sur les valeurs humaines, au lieu de laisser à ses files la liberté de choix politique daprès la voix de leur conscience, au lieu de recommander aux responsables l’arrêt de la répression, et aux manifestants le contrôle deuxmêmes pour que le pays ne sombre pas dans des tragédies supplémentaires, au lieu de replacer le sursaut de la rue syrienne dans son cadre historique, marqué par l’ubiquité de la corruption et le déni de liberté depuis de longues décennies, certains hommes dEglise adoptent une position politique tranchée, de soutien au régime en place. On fait donner la musique et on envoie nos jeunes dans les fêtes de la place des Omeyyades, en lieu et place du deuil pour ceux qui sont tombés. Les blessures saggravent, tandis que la voix du Christ répète au loin : « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu, et àsar ce qui est àsar », mais le prédicateur répète encore : « agitateurs, infiltrés ». Comme si rien ne sétait passé, comme s’il ny avait pas au sein de notre peuple des souvenirs sanglants, comme si tous les manifestants étaient des criminels quon achète et quon vend, comme si la peur avait jà crucifié l’espérance

Excusez, Vos Excellences les Evêques, les afflictions dun petit religieux tel que moi, qui ne comprend que peu de choses à la vie, et excusez parmi vos ouailles les voix de ceux qui refusent la partialité de nombreux hommes de religion. Les pays arabes verront un jour le printemps, et ce sera pour l’Eglise une floraison…

Ce texte est paru dans le journal Assafir du 5/8/2011

1 : chansonnier de Hama, égorgé par les services de sécurité

2 : Hamza : adolescent torturé et tué ; Hager : petite fille te





NOUVEAUX SIGNATAIRES DE L’APPEL « Du raffut pour RAFAH ! »


    André GLUCKSMANN, philosophe, essayiste
    Bracha L. ETTINGER, artist, psychoanalyst, Chair and Professor of Art and Psychoanalysis,EGS.
    Rolande CAUSSE, écrivain
    JeanPierre COMETTI, professeuréméritedephilosophil'UniversitéAixMarseilleI,traducteur
    Michèle André, sénateure socialiste du PuydeDôme. (par JeanFrançois Cottes)
    Marie Noëlle BATISTEL, députée PS de l'Ire
    Michel ISSINDOU, député de l'Ire. (par Thomas Burkovic )
    Patrick STARCK, expert fiscal international
    Philippe BECK, ancienélèveENSUlm,maîtredeconférencesdephilosophil'UniversitédeNantes,poète
    Bruno FERN, poète
    Dominique GIOCANTI, chare de cours de droit en faculté de decine
    Ronald KLAPKA, critique littéraire; créateur du site La lettre de la Magdelaine, poète
    Philippe MENGUE, agrégé et docteur d'état en philosophie, écrivain
    Marko PAJEVIC,UniversitédeBelfast,enseignantenétudesgermaniques,littérature etpoétique
    Danièle ROBERT, traductrice du latin, de l'anglais, de l'italien
    Christian TARTING, professeur à l'université AixMarseille II, institutdesmétiersdulivre,poète
    François WARIN, agrégé et docteur en philosophie, écrivain. (dix signatures par Françoise Santon, que nous remercions)

COURRIER


GIL CAROZ. Cher JAM, hier à midi, un Vice président du Parlement européen, Rouček Libor, un tchèque, a fait une longue « Déclaration du Président » concernant Rafah. Vous pouvez le voir dans le film auquel renvoie le lien cidessous. On peut voir aussi CohnBendit qui applaudit à la fin de la déclaration. Le film dure 4 minutes. Vous pouvez sauter la première minute car il passe une minute à demander à ses collègues de sasseoir. Cest ensuite qu’il fait la déclaration.
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Vous trouverez cidessous la lettre que je viens denvoyer à Libor Rouček, grâce à une traduction rapide par Florencia Shanahan.

To the attention of the VicePresident of the European Parliament, Mr Libor Rouček,
Dear Mr Rouček, Your declaration of 29th September 2011 at the European Parliament as President of this Assembly, concerning the Syrian psychoanalyst Rafah Nached is very important to us. Indeed, Dr. Nached is a symbol of all those arbitrarily detained in Syria who are victims of an unacceptable violence by the government. The appeal of the High Representative Mrs Catherine Ashton as well as your statement to the European Parliament with regards to the release of Rafah Nached are essential.
As a European Association of psychoanalysis which counts among its members more than 2000 practitioners of psychoanalysis, we are also engaged in fighting for the liberation of our colleague. I am writing to you today to seek additional support in this regard. We are considering the possibility of putting up a large poster as a "cover" with a portrait of Rafah Nached and a call for her release on one of the buildings of the European Parliament. You will find some possible examples shown against. We firmly believe that suchexposure would be an effective way to give wide publicity to the worrying situation of Dr. Nached and of other Syrian citizens. We would like to haveyour support to achieve this. What is at stake is not to abandon these people in distress and not to let them disappear into oblivion.
If the display of such a poster on one of the Parliament buildings were possible, our association will be responsible, if necessary, for funding it and for its technical implementation. Yours sincerely, Gil Caroz
President of the EuroFederation of Psychoanalysis.


JEANPIERRE DENIS. Un coup de pouce. Dans cette rentrée lacanienne que l’on pensait dabord scandée par la sortie du minaire ou pire, du volume Je parle aux murs de Jacques Lacan, accompagnés de cette Vie de Lacan de JacquesAlain Miller, celuici, justement, sest résolu à sortir de sa réserve et à répondre aux mauvais coups de ceux qui veulent encore et encore effacer son nom, alors même que cest à la demande de Lacan, mais faut-­il encore le rappeler, que J.A. Miller a établi le texte des minaires.
Face à ce mauvais scénario, une phrase du minaire Le Sinthome mest revenue et de nouveau maccompagne :
« On crée une langue, énonçait Lacan, pour autant quà tout instant on lui donne un sens, on lui donne un petit coup de pouce, sans quoi la langue ne serait pas vivante. Elle est vivante pour autant quà chaque instant on la crée. »
Cette proposition est heureuse, elle nous redonne de l’air et contre ceux qui voudraient passer Miller à la trappe pour mieux faire entrer Lacan dans son mausolée Car s’il y en a bien un qui ait pris le temps de se rompre à la langue de Lacan jusquà en faire surgir non seulement sa logique, mais ses renouvellements, ses renversements et l’éclair du réel qui en ressort, cest bien JacquesAlain Miller ; quoi qu’ils en veuillent ! Et lorsqu’il associe maintenant le sort de la malheureuse Rafah Nached, arrêtée arbitrairement en Syrie, à la reconquête du Champ freudien, reconnaissons qu’il sagit là aussi dun coup de pouce à la langue des psychanalystes.
Et bon vent aux 91 phrases qui nous attendent à Paris aux prochaines Journées de lECF.